MACRON - La Trajectoire du Prince
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PREMIÈRE PARTIE
J -173
La Journée des Dupes
Mercredi 16 novembre 2016
Le jeune et relativement « inconnu » conseiller de François Hollande qui l’avait nommé son ministre de l’Économie, Em- manuel Macron, saute par-dessus celui-ci, et se déclare candi- dat à l’élection Présidentielle, « même si celui-ci se présente ! »
Le Président de la République sortant est mis devant le fait accompli. Il sait maintenant qu’il a devant lui celui qu’il cou- vait dans son sein pour le conseiller et l’aider pour un second mandat comme il l’avait fait pour son élection en 2012.
À ce coup d’éclat s’en ajoute un second : XO, la société d’édi- tion du gendre de l’ancien Président Giscard d’Estaing, Ber- nard Fixot, annonce le tirage de 200 000 exemplaires du pre- mier livre d’analyse et programme : Révolution d’Emmanuel Macron.
Devant le très grand risque financier d’un tel tirage, on pour- rait se demander si des financiers, et notamment ceux du PS, n’auraient pas choisi ce jeune politique de 39 ans, dynamique, pour succéder à Hollande, dont les sondages sont au plus bas, pour affronter les autres candidats, dont celui que la Droite LR choisira à sa Primaire ?
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Jeudi 17 novembre 2016
L’astronaute Thomas Pesquet après sept années de prépara- tion s’envole de Baïkhonour à 21 h 20, heure de Paris, pour un séjour de 6 mois dans l’espace dans la station orbitale inter- nationale. Une cérémonie religieuse de l’Église orthodoxe avec la bénédiction d’un métropolite aura lieu comme à chaque envol de Russie. Au pays de Dostoïevski, on donne de la trans- cendance aux actes importants de l’existence.
Dimanche 20 novembre 2016
Aujourd’hui, vote pour la Primaire de la Droite pour dépar- tager les deux challengers qui s’affronteront pour le second tour. Le choix doit se faire entre Sarkozy-Juppé-Fillon-Le Maire-KM-Poisson-Copé.
Près d’un bureau de vote, une jeune femme ne sait pas trop, entre Juppé et Fillon, lequel choisir. Elle pèse le pour, le contre à haute voix, s’y perd, puis se décide pour Fillon en nous quit- tant, alors que son mari vote Juppé.
Le « triomphe » de Fillon
Le Résultat du dépouillement donne Fillon à 41 %, Juppé 26 %, Sarkozy 20 %.
Ainsi ce dernier s’effondre, Juppé vacille et Fillon s’envole. Est-ce à cause de son dernier livre sur l’Islamisme ou de son plan économique ?
S. a éteint la TV quand elle a appris que son idole, Sarkozy était battu. Comme Valéry Giscard d’Estaing en 1981, celui- ci pensait qu’il détenait la légitimité d’un Président sortant et qu’il serait désigné pour un second mandat. Mais ses électeurs ont déserté ou voulu changer.
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Mercredi 23 novembre 2016
Les Internautes avaient encensé Fillon et ont contribué à in- fluer sur l’opinion et à le faire élire. Ainsi la puissance d’Inter- net a porté Donald Trump à la Maison-Blanche. Les médias traditionnels, radios, TV, journaux trouvent un concurrent de taille : le web, et vont vite s’en servir.
En feuilletant rapidement quelques pages de Révolution, on s’aperçoit que l’ex-ministre de l’Économie constate une France entravée par ses blocages, ses pesanteurs administratives, ce que l’on savait déjà. C’est le diagnostic effectué chaque an- née par la Cour des Comptes et les partenaires économiques. On peut s’interroger, mais puisqu’il était au gouvernement, comme conseiller de Hollande puis son ministre de l’Écono- mie, pourquoi n’a-t-il pas remédié à cet état de fait? Et s’il était en désaccord de fond avec un Hollande pusillanime qui bloquait tout, pourquoi est-il resté près de lui à l’Élysée et au gouvernement? Y attendait-il son heure? Celle de l’élection Présidentielle ?
Il y est avec le bilan de Hollande.
Une vraie « Révolution » pourrait être celle des médias, comme le montrent l’élection de Trump, le Brexit, et Fillon triomphant à la Primaire de la droite. Le pouvoir est passé des Médias traditionnels à ceux du Web et aux Internautes. Ceux- ci communiquent entre eux, échangent des infos, qui vont en profondeur et modifient les opinions avec l’appui de photos ou de séquences qu’ils peuvent insérer, mais aussi en « lan- çant » de fausses informations, des fake news. Chacun accède ainsi à d’autres informations. À remarquer que les instituts de sondage n’ont pas osé donner de pronostics pour le match Sarkozy-Juppé-Fillon-Le Maire-KM-Poisson-Copé.
Peut-être que cela va-t-il diminuer le nombre des sondages.
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Vendredi 25 novembre 2016
Très beau discours de fin de campagne de Fillon. Bien char- penté et net. Il est apparu comme un professeur sobre, élé- gant, sérieux, un peu ténébreux. On aurait pu lui reprocher ses cinq années de Premier ministre de Sarkozy avec le mauvais bilan des 600 000 chômeurs de plus et d’une dette amplifiée, le désastre de Libye, mais les gens ont oublié. La mémoire courte, ils aiment passer à autre chose.
La campagne électorale absorbe tout. Le rejet de Hollande est si fort, et les promesses de réformes de Fillon si précises qu’il sera probablement choisi dimanche prochain, car Juppé s’est perdu dans les méandres du chiraquisme-gauchiste. Tout ce qu’a représenté la droite de Rivarol, de Minute, la droite vilipendée semble se retrouver avec Fillon et se mêler aux mil- lions d’électeurs de la Droite et du Centre Droit. C’est un étonnant retournement de situation ; comme si une des com- posantes de l’électorat donnait un coup de reins du profond de son exil pour remonter à la surface. Marine Le Pen verrait alors une partie de ses électeurs s’envoler. La suite de la cam- pagne sera chaude...
Hier, deux Hommes-fusées suivis et encadrés par la Patrouille de France dans le ciel. Une image époustouflante du génie et du courage de l’homme arrivant à concrétiser ce dont rêvaient les hommes de l’Antiquité avec Icare !
Le rêve d’Icare réalisé : des hommes équipés de réacteurs volent avec la Patrouille de France...
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Dimanche 27 novembre 2016
Second tour de la Primaire de la Droite
Surprenant! À la télé : Juppé vote à Bordeaux une grande écharpe rouge autour du cou dans le style de celle que por- tait François Mitterrand! Est-ce un clin d’oeil aux électeurs de gauche qui viendraient donner 2 € et voter, pour qu’ils déposent un bulletin en son nom pour battre Fillon ? Opposi- tion entre deux « Droite » l’une traditionnelle, l’autre adepte de « Terra Nova » ? Une arme à double tranchant. C’est la fuite des électeurs de la Droite traditionnelle vers le vote Fillon.
20 h. François Fillon élu avec 65 %. Juppé a capoté, il capi- tule et se rallie. Une nouvelle droite droite décomplexée s’est retrouvée. Fillon a compris et pris à son compte la vague de fond avec des accents qui ont plu à son électorat.
Mardi 29 novembre 2016
Fillon a une sorte de gentilhommière à Beaucé. Petite ville où nous avons passé des vacances dans une maison de cam- pagne. Paris-Match avait fait une couverture avec une photo où il pose avec sa petite famille devant celle-ci. Très châtelain.
Téléphone d’A. sortant de la pharmacie de la rue de la Convention. Il est comme là devant nous, alors qu’il marche dans la rue dans le froid pour rentrer chez lui. Bavardage avec M.T. qui suit aussi les courses de voitures. Ils parlent de Fillon, fana aussi de celles-ci. Son père était garagiste.
J-156
Hollande abdique
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Vendredi 2 décembre 2016
Hollande abandonne. Il ne se représentera pas pour un se- cond quinquennat. La crainte d’un renvoi humiliant.
La politique ressemble au théâtre dont la scène est notre vie, notre destin, le destin du pays. Depuis 1980, nous n’avons que des comédiens qui semblent ne pas croire vraiment à leur rôle de Président. Ainsi Mitterrand voulait battre De Gaulle, qu’il avait mis en ballotage, puis il fut heureux de gagner face à VGE et est entré à l’Élyséee, ce qu’il espérait depuis des an- nées. Alors ont commencé la multiplication de la Dette, les 35 heures, l’Éducation nationale revisitée pour faire accéder au baccalauréat 80 % des postulants, bref un jeu de mécano à la dépense.
« Les Français sont riches, on peut y aller... » disait-il, avec ses conseillers sortis de l’ENA, Attali, Fabius, DSK, Hollande, Royal (promotion Voltaire), cherchant un parti où faire car- rière, il y est allé. Puis nous avons eu l’alternance chiraquienne et l’immobilisme par crainte de déranger la société construite sur les « acquis sociaux », « ne pas faire de vagues ». D’où, immobilisme et dépenses. Jeux de rôles entre les acteurs de Chirac et ceux de Mitterrand, puis théâtre et comédie en accéléré avec Sarkozy, puis Hollande qui est heureux d’être Président, et aurait dit « J’ai réussi ma vie » aux journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme, qui rapportent ses propos dans leur bouquin Un Président ne devrait pas dire ça, ajoutant ces phrases extraordinaires : « J’aurai vécu cinq ans de pouvoir relativement absolu, finalement, puisque c’est aussi ça la Ve République. J’impose à mon camp, qui n’y aurait sans doute pas consenti naturellement, des politiques que je considère comme justes. J’ai fait des réformes, il en restera quelques- unes. Le pire, c’est de partir avec un bilan où rien ne reste.
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Moi, je pense qu’on pourra retenir des choses », affirme-t-il aux deux journalistes. « C’est ça, la bonne attitude, faire ce qu’on pense devoir faire. Sans l’idée obsessionnelle d’être can- didat. Et qu’il reste quelque chose. Ça ne justifie pas non plus de heurter son camp sous le prétexte d’être courageux ».
De la France, ils ont l’air de s’en moquer, des Français, ils s’en fichent. Pour eux « monarque absolu » ce sont des minus qui n’ont pas « réussi ». Pour la politique étrangère, ils s’en sont remis à l’Angleterre, aux États-Unis, à l’OTAN. Ils suivent le tran-tran comme en 1938, Daladier derrière Chamberlain notamment au moment de Munich face à Hitler. La France mérite de vrais hommes politiques de stature, non seulement instruits, mais passionnés par leur pays, et non des person- nages de la Comedia del Arte qui nous plongent dans la stu- peur, et le pays dans un endettement sans fin.
Hollande a compris qu’il était peu capable d’assumer la pré- sidence, aussi arrête-t-il avant que les Français ne le mettent dehors. 94 % de ceux-ci viennent, dans un sondage, d’approu- ver sa renonciation. Grand comédien, il avait réussi à tenir son rôle, gravi les marches du Pouvoir.
Mais à l’Élysée, il a peut-être eu le vertige de la toute-puis- sance, ou celui de l’ennui devant l’impuissance à régler les pro- blèmes et l’impression d’un pouvoir insaisissable, hors de por- tée. C’est une explication pour comprendre ces conversations avec les journalistes. Il vivait un simulacre de Présidence : Bruxelles, l’OTAN régentaient tout. Comme du temps de Sarkozy. Avec le Traité de Lisbonne : deux ectoplasmes. Seul leur demeurait le pouvoir militaire de Chef des Armées. D’où leur désir d’y agir dans les interventions extérieures (Libye, Mali, Irak, Syrie, Côte d’Ivoire).
Manuel Valls se lance.
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Lundi 5 décembre 2016
Valls se jette dans la bataille. Il abandonne sa fonction de premier ministre pour se présenter à la Primaire de la Gauche. Il pense avoir tous les atouts pour la Présidence : l’expérience du pouvoir, la notoriété, l’appui de son Parti maintenant que Hollande a quitté le combat.
Michel Polnareff est hospitalisé à l’Hôpital Américain de Neuilly pour une double embolie pulmonaire.
Donald Trump, honni par la presse « branchée », nomme un ministre noir au Logement et au Développement urbain, et reçoit Al Gore probablement pour lui confier le Départe- ment d’État... Un commerçant des Saintes, en Martinique, révèle qu’il a sauvé sa fille de la noyade alors qu’il était attablé à un café non loin de son magasin. Personne n’avait réagi, sauf lui...
Emmanuel Macron aux États-Unis. Les hommes politiques français se croient obligés de faire « un tour » aux États-Unis et à Londres ou Berlin. Ils ne vont ni à Moscou, sauf les pontes du PCF en leur temps, ni à Pékin, ni à Tokyo, etc. Là, il y est comme ministre de l’Économie, suivi par des journalistes comme une star. C’est assez étrange de ne pas, à ce point, croire à l’indépendance totale d’esprit de ses compatriotes.
Jeudi 8 décembre 2016
Emmanuel Macron déshabillé par Jean-Claude Bourdin laisse entrevoir ses crocs... Il a senti l’odeur du pouvoir chez Hollande, comme celui-ci et Ségolène Royal quand ils étaient au cabinet de François Mitterrand, et il s’est dit « Pourquoi pas moi : Président ? ». Le sourire de la modestie et de l’écoute
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auprès de Hollande, lui, son « conseiller » pour son élection en 2012, puis pendant sa présidence, son fidèle ministre de l’Économie. Il se lance contre le PS de Valls et consorts et la Droite LR de Fillon, et va à la Présidentielle directement, sans passer par la case Primaire de la Gauche, en homme libre, sans passé, sans présent !
Vendredi 9 décembre 2016